SAV ou Tél Rose ?

Quand un client veut du sexe au téléphone

Câline

2/7/20254 min lire

tél rose poru faire l'amour au téléphone palais
tél rose poru faire l'amour au téléphone palais

Je travaille dans un service après-vente depuis quelques années, et croyez moi, j’en ai entendu des vertes et des pas mûres. Mais ce jour-là, j’ai eu droit à un grand moment de solitude, entre malaise et fous rires nerveux.

Tout commence comme une journée normale. Je décroche un appel, prête à résoudre une énième réclamation pour un colis égaré ou un appareil défectueux.

"Bonjour, service client, comment puis-je vous aider ?" lançai-je d’une voix professionnelle.

Au bout du fil, une respiration un peu lourde, puis une voix masculine qui hésite :

"Euh… Bonjour… J’ai un souci avec ma commande."

Rien d’inhabituel. Je prends les informations, je cherche dans le système. Tout roule. Mais rapidement, je sens que quelque chose cloche.

"C’est drôle…" dit-il en gloussant. "Vous avez une voix vraiment douce… très… sensuelle."

Oh non. On y est. Ça sent le malaise.

Je lâche un petit rire gêné, tentant de garder mon professionnalisme.

"Euh, merci monsieur, mais revenons à votre commande. Vous dites qu’il manque un article ?"

"Oui… mais en fait…" (Il hésite, sa respiration se fait plus insistante.) "Est-ce que… vous pourriez continuer à parler ? Comme ça, naturellement… Vous avez une voix qui me fait beaucoup d’effet."

Petit moment de flottement. Mon cerveau bugue. Attends, quoi ? Il n’a pas osé… si ?

"Monsieur, nous sommes sur une ligne SAV. Si vous avez une réclamation, je peux vous aider, sinon…"

"Non, non, je veux juste… Enfin, vous savez… Si vous pouviez juste… parler… longtemps… et doucement…"

Ah ben tiens, voilà autre chose. Mon regard se fige sur mon écran, j’ai l’impression que mon âme quitte mon corps. J’imagine mes collègues en open space, concentrés sur leurs propres appels, totalement inconscients du malaise cosmique qui est en train de s’abattre sur moi.

Et c’est là que j’entends quelque chose d’encore pire. Un frottement… Une respiration plus lourde encore… Non… Est-ce que… est-ce qu’il est en train de s’astiquer le manche au téléphone ?

Je ravale un soupir, hésitant sur la meilleure manière de réagir. Une partie de moi est prise entre l’envie d’exploser de rire et celle de raccrocher immédiatement.

"Monsieur, ce service ne propose pas ce genre de prestations. Si vous n’avez pas d’autre question, je vais devoir mettre fin à cet appel."

Silence au bout du fil. Je prie pour qu’il raccroche.

"Mais… vous pourriez juste dire un truc mignon ? Juste un petit… ‘mon chéri’ ? Pour moi ?"

Je souffle doucement, essayant de ne pas éclater de rire devant l’absurdité de la situation.

"Écoutez, monsieur, je vais être gentille une dernière fois, mais après, il faudra vraiment qu’on en reste là, d’accord ?"

"Oh oui… d’accord."

Je prends une grande inspiration et, avec un sourire narquois :

"Merci pour votre appel, mon chéri. Passez une excellente journée."

Et BIP. Fin d’appel.

Je me tourne vers ma collègue d’à côté, qui voit ma tête effarée et demande :

"T’as eu un relou ?"

Je souffle un rire nerveux :

"Ouais… Un client qui pensait que mon job, c’était du tél rose en option en voulant avoir une branlette au tél."

Ironie du sort, s’il savait… Parce que la nuit, ce job, je le fais pour de vrai et j'adore.

Oui, ce cher monsieur serait sûrement ravi d’apprendre qu’il n’a pas tout à fait tort. Après ma journée au SAV, quand tout le monde éteint son ordinateur et rentre chez soi, moi, je change de registre. J’allume une autre ligne, bien plus intime, où cette fois, il n’est pas question de colis perdus ou d’appareils en panne, mais de désirs inavoués et de fantasmes murmurés.

Parce que oui, la nuit, je suis animatrice de téléphone rose.

Et ce qui est drôle, c’est que dans ce rôle-là, les hommes comme lui arrivent à me mettre dans une ambiance de petite chaudasse de telrose. Ceux qui me supplient d’adoucir ma voix ou au contraire que je sois ferme avec eux, qui veulent que je leur parle doucement, sensuellement, qu’ils puissent s’imaginer tout un monde autour de quelques mots bien choisis. Là, c’est moi qui mène le jeu, qui décide du rythme.

Mais au service client, c’est une autre histoire. Pas de scénarios à improviser. Juste moi, mon casque et la monotonie de ce type de poste alors qu'en faisant l'amour au téléphone, je m'éclate bien plus.

Ce type aurait été un coquin parfait sur ma ligne coquine. Si seulement il avait composé le bon numéro.

Mais ce n’était pas fini. Quelques minutes plus tard, le téléphone sonne à nouveau. Par réflexe, je décroche.

"Service client, bonjour."

Un silence… Puis une respiration lourde. Pas encore lui, si ?

"C’est encore moi… Je voulais juste… m’excuser… Mais vous avez vraiment une voix envoûtante."

Et là, j’hésite. Dois-je lui raccrocher au nez immédiatement ou jouer le jeu pour voir jusqu’où il ose aller ?

"Monsieur, est-ce que vous avez une réelle question à poser sur votre commande ?"

"Non… Mais j’ai une autre requête… Un petit mot doux et je vous laisse tranquille."

J’en pouvais plus. Mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai décidé d’y mettre un terme d’une manière définitive.

"D’accord… Vous voulez un mot doux ? Le voici : Service client, fin de conversation. Bonne journée."

Et PAF, je raccroche.

Mes collègues, qui avaient suivi la scène en écoutant à moitié, explosent de rire. L’un d’eux me tend un post-it où il a écrit : "Nouvelle hotline en vue ?"

Depuis ce jour, je garde précieusement cet épisode en tête. Travailler en SAV, c’est savoir gérer des clients exigeants, impatients, parfois perdus… Mais aussi, visiblement, quelques âmes esseulées en quête de chaleur vocale.

Moralité : si un jour vous appelez un service client, restez professionnel. Parce qu’on se souvient toujours des appels les plus… originaux. Et qui sait… peut-être que la voix qui vous répond la journée vous murmure autre chose la nuit.

SAV ou Tél Rose ?
Quand un client mélange les deux services