Sexe au téléphone

Ma voix, son outil

Câline

7/17/20256 min lire

sexe au telephone
sexe au telephone

Il faisait chaud ce jour-là. Une lourdeur estivale qui collait à la peau, incitait à la lenteur et donnait à tous les gestes une langueur moite. Je portais une nuisette noire transparente, fine comme un souffle, à peine retenue par deux bretelles glissées sur mes épaules. C’était volontaire. Mon travail m’y obligeait.

Je m’étais installée dans le salon, jambes croisées, téléphone vissé à l’oreille, en pleine session de téléphone rose. L’appel avait commencé comme tant d’autres : une voix masculine, fébrile, en quête de frissons auditifs. Je n’avais qu’à murmurer, respirer au bon endroit, glisser quelques mots choisis pour qu’il perde pied. Mon voix sensuelle l’enveloppait, l’ensorcelait. J’étais sa maîtresse invisible, celle qui sait sans voir.

Je jouais avec mes propres sensations, amplifiées par la chaleur, par l’excitation qui monte quand je me sais écoutée. Mes doigts glissaient sur ma peau nue, je respirais plus fort. Je sentais que l’homme à l’autre bout de la ligne approchait de la jouissance, tout entier happé par ma présence érotique, bien que lointaine.

C’est alors qu’il a sonné.

Le plombier.

J’avais oublié ce rendez-vous. Une canalisation fuyait dans la salle de bain, et j’avais appelé un artisan le matin-même. Il avait dit qu’il passerait “dans l’après-midi”. L’après-midi, c’était maintenant.

Je n’ai pas raccroché.

Au contraire, j’ai baissé le volume du combiné et j’ai gardé la ligne ouverte. L’idée me grisait : que l’homme au bout du fil entende ce qui allait suivre, sans savoir, sans comprendre. Il m’écouterait respirer, entendre mes pas, imaginer ce qu’il voulait. Une jouissance à distance, nourrie de non-dits.

Le plombier est entré.

Grand, les bras musclés, vêtu d’un débardeur sali par la sueur et la poussière, il portait sa caisse à outils comme s’il soulevait le poids du monde. Il m’a regardée, évidemment. Mon corps offrait plus que ce qu’il fallait pour le troubler. Mon téton pointait sous la dentelle, mes cuisses n’étaient plus vraiment croisées. Il a détourné les yeux, par politesse sans doute, mais je savais. Il m’avait vue. Il avait compris.

Je l’ai laissé entrer dans la salle de bain, pendant que je retournais m’allonger sur le canapé, le combiné toujours près de mon oreille. Le client gémissait, doucement. Il ne savait pas ce qui se jouait ici, mais il le sentait.

Le bruit des outils a commencé. Clés à molette, coups sourds, grognements. Et moi, allongée, offerte, la nuisette retroussée, les doigts entre les jambes. J’étais au bord, excitée comme jamais. Ce mélange d’interdits, de regards volés, de sons masculins et de fantasmes téléphoniques me rendait folle.

Le plombier est revenu pour me demander quelque chose. Mais en me voyant ainsi, il s’est figé.

Je n’ai rien dit.

Je n’ai pas bougé.

Juste un regard, appuyé, intense. Mon corps parlait pour moi. Mon dos cambré, mes jambes entrouvertes, le souffle court, la bouche entrouverte. Il ne pouvait pas ignorer l’appel silencieux. Il a posé sa caisse. Lentement.

Et là, tout a basculé.

Ses mains se sont posées sur mes chevilles, solides. Il m’a écartée sans un mot, sans attendre. Mon cœur battait la chamade, mon sexe était trempé. Il ne savait pas que le combiné, posé juste à côté de ma tête, transmettait tout. La respiration, les frottements, mes gémissements de plus en plus bruyants. L’homme au téléphone devenait le témoin involontaire d’une scène de sexe brut, réelle, haletante.

Le plombier m’a prise là, sans tendresse, sans précaution. C’était sale, sauvage, profondément physique. Mon corps heurtait le cuir du canapé, mes ongles griffaient ses épaules. Il me baisait comme s’il réparait une fuite pressée : avec force, avec urgence. Et moi, je me laissais faire, consentante et ivre.

J’entendais encore la respiration du client au bout du fil. Peut-être était-il en train de jouir. Peut-être se rendait-il compte que quelque chose échappait à son contrôle. Peut-être que cette fantaisie auditive l’avait excité plus que toutes mes paroles.

Le plombier a terminé en moi, dans un râle rauque, avant de reculer, essoufflé. Nos regards se sont croisés brièvement. Pas un mot.

Il est retourné à la salle de bain.

Je suis restée là, nue, les cuisses tremblantes, le corps vibrant de cette jouissance inattendue. J’ai repris le téléphone, j’ai soufflé doucement dans le combiné. Il était toujours là. Silencieux, abasourdi.

Je n’ai rien dit. Je n’ai pas eu besoin.

Le sexe par téléphone, c’est ça aussi. Une mise en scène mouvante, parfois déstabilisée par le réel. Une fantasmagorie qui bascule dans la vérité. Une voix qui excite, un décor qui bascule. Une hôtesse nue sur son canapé, et un plombier qui oublie ses outils dans le feu de l’action.

Ce jour-là, je n’étais pas qu’une voix. J’étais un corps. Un fantasme incarné. Et ils étaient deux à jouir de moi. L’un avec ses mains, l’autre avec ses oreilles.

Et moi… j’ai joui deux fois.

Le silence a flotté un instant, lourd, chargé, comme si le temps lui-même retenait son souffle. Je me suis redressée lentement, la peau encore humide, les cuisses collantes, le cœur battant la chamade. Le combiné, toujours chaud contre mon oreille, diffusait un souffle ténu. Il était encore là. Le client. Muet. Mais présent.

Ce n’était plus une simple session de téléphone rose. C’était devenu une scène à trois, un fantasme érotique à la croisée du réel et du fantasme. J'avais offert au téléphone un spectacle de sexe brut, de luxure sans filtre, et il en avait été le témoin privilégié.

Je n’ai pas rompu la ligne. J’ai laissé l’écho de mes soupirs vibrer dans le combiné. Il n’avait besoin de rien de plus. Mon souffle, mon silence chargé de plaisir, valaient toutes les phrases bien tournées. Il avait eu un accès direct à mon intimité réelle, là où d’habitude, seule ma voix sensuelle entre.

J’ai raccroché après quelques minutes, sans un mot. J’en avais assez dit. Par les sons, par le corps, par le non-dit.

Je me suis levée pour me passer un peu d’eau entre les jambes, en titubant légèrement. Dans la salle de bain, le plombier terminait sa tâche comme si rien ne s’était passé. Il n’a pas levé les yeux. Professionnel jusqu’au bout. Ou peut-être simplement submergé lui aussi.

Il a rangé ses affaires, m’a tendu une fiche à signer. Je l’ai fait, nue sous ma nuisette. Il est parti. Fin de l’intervention. Fin de l’interlude sauvage.

Mais dans ma tête, quelque chose avait changé.

Cette fusion entre mon travail au téléphone rose et une situation de la vie réelle m’avait révélée à moi-même. Le fantasme s’était matérialisé, j’en étais le centre, l’initiatrice et la proie. Il ne s’agissait plus seulement de parler, de jouer un rôle. J’étais devenue le scénario.

Le soir-même, je me suis reconnectée. D’autres clients. D’autres attentes. D’autres appels. L’un voulait une secrétaire lubrique, un autre une maîtresse sévère. Mais je n’arrivais pas à effacer ce moment de ma tête. Alors j’ai décidé de l’utiliser.

J’ai raconté.

Pas mot pour mot, pas exactement, mais j’ai distillé l’essence de ce qui s’était passé. Une femme en nuisette. Un artisan venu réparer une fuite. Une atmosphère moite, un regard, une tension sexuelle irrespirable. Et puis l’explosion. Je décrivais la scène de sexe brut, les sons, la sueur, les prises fermes, la jouissance sans précaution.

Les hommes au bout du fil haletaient. Ils aimaient cette histoire. Elle transpirait la vérité, même s’ils n’auraient jamais deviné qu’elle en était une.

Ce sexe par téléphone, je le maîtrisais plus que jamais. Parce qu’il ne se réduisait pas à des mots crus. Il puisait dans ma réalité, dans mes envies, dans mes souvenirs humides.

Les jours ont passé. Et je me suis surprise à rejouer la scène dans ma tête. Souvent. Trop souvent.

J’ai commencé à y prendre goût.

Un réparateur d’antenne est venu quelques jours plus tard. J’étais déjà maquillée, les cheveux attachés haut, la bouche rouge. Mon corps prêt, sans que je ne le dise. Lui n’a rien fait. Il était timide, un peu gauche. Mais j’ai laissé la ligne téléphonique ouverte pendant qu’il était là, comme une habitude.

J’ai recommencé.

Les jeux auditifs, la mise en scène, l’ambiguïté entre ce qui est simulé et ce qui est vécu. J’étais devenue dépendante à ce pouvoir, à ce double regard posé sur moi : celui de l’inconnu dans la pièce, et celui du client au bout du fil.

Je suis une hôtesse de téléphone rose, oui. Mais désormais, je suis plus encore. Une actrice de l’ombre, une prêtresse de la suggestion. Mon sexe vocal devient un passage vers des mondes interdits. Ma voix ouvre la voie, et parfois… mon corps suit.

Le fantasme ne s’arrête jamais. Il se transforme. Il déborde du téléphone, coule dans la pièce, glisse sur ma peau. Il prend forme, il prend chair.

Et moi, je m’y abandonne.

Ma voix, son outil…

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