Le bal des dévergondés
Fantasmes au château



Les pavés du vieux château résonnaient sous mes talons aiguilles déguisés. Mes jambes glissées dans des bas à couture semblaient d’un autre siècle, mais mon corps, lui, brûlait d’une excitation bien actuelle. Sous ma robe à corset rigide, rien. Ni culotte, ni retenue. J’étais venue pour être prise. Pas par un seul homme. Mais par tous ceux que ce bal secret réunissait.
Ils portaient des costumes brodés, des perruques poudrées, des cannes dorées et des masques de bal aussi travaillés que leurs pulsions. Le thème de la soirée : débauche royale. J’étais l’offrande.
Je n’étais pas venue pour parler, encore moins pour écouter. J’étais là pour me faire couvrir, souiller, adorer comme une catin de luxe sous les dorures d’un palais oublié.
À peine arrivée dans la grande salle de marbre, je me suis avancée vers le centre, délaissant mon masque. Mon visage nu dans cette foule anonyme, c’était mon premier acte de soumission. Je me suis agenouillée, relevant ma jupe, dévoilant mes fesses nues et mon sexe déjà luisant.
Le silence est tombé. Puis le murmure. Puis le bruit des braguettes qu’on ouvre, des ceintures qu’on défait, des frottements impatients. Ils étaient nombreux, et moi seule. Exactement ce que je voulais. Que ma bouche, mon corps, mes seins deviennent l’autel de leurs pulsions.
Le premier a jailli sur mes lèvres. Je n’ai pas bougé. Le second m’a offert sa semence sur ma joue. Puis un troisième sur mes seins gonflés de désir. J’étais décorée comme une toile vivante, éclaboussée de foutre noble. Et je n’en avais jamais assez.
Les flashs des appareils capturent la scène. Certains hôtes filment, je le sais. Cela me rend encore plus mouillée. Je suis la star d’une débauche aristocratique, la petite cochonne de leur fantasme de pouvoir, soumise et offerte.
Mes doigts glissent entre mes cuisses pendant que je reçois, docile, les jets de plaisir des uns et des autres. Je me caresse frénétiquement. Leur chaleur sur ma peau m’excite jusqu’à la transe. Chaque éjaculation est une consécration. Une preuve que je suis leur objet. Leur putain.
Ils me traitent comme une reine du vice. Mais je ne veux pas de trône. Je veux du sperme. Du liquide chaud sur le ventre, dans les cheveux, sur mes paupières closes. Une pluie d’hommes anonymes. Voilà mon royaume.
Ils se relaient autour de moi. Certains me prennent la tête, la guide vers leur queue, m’imposent leur rythme jusqu’au fond de la gorge. Je me laisse faire, yeux humides, bouche grande ouverte. Je veux leur foutre, leur goût, leur puissance. Je veux qu’ils sachent que je suis faite pour ça.
Quand l’un se retire, un autre s’avance, prêt à marquer sa trace sur mon corps déjà lustré de semence. Les masques rendent chaque visage flou, chaque orgasme impersonnel mais puissant. Le bal des bukkake bat son plein. Et moi, en plein milieu, je me noie dans ce plaisir obscène et délicieux.
Je perds la notion du temps. Tout ce que je sens, c’est la brûlure sur mes seins, la tiédeur sur mes lèvres, l’humidité dégoulinant entre mes cuisses. Je suis couverte. Salie. Sublimée.
Il n’y a plus de honte. Plus de retenue. Juste des gémissements, des râles de plaisir, et moi, tendue, offerte, noyée dans une marée blanche. Je suis leur fantasme. Leur petite traînée d’un soir, celle qui a fait le vœu d’être leur cible et leur réceptacle.
Les derniers à jouir viennent poser leurs marques finales sur mes cuisses, sur mon ventre, sur mes seins que je presse ensemble pour les exciter encore. Je ne veux pas que ça s’arrête. Je veux chaque goutte, chaque soupir, chaque spasme.
Quand le calme revient, je reste là, à genoux, soumise et ruisselante. Les applaudissements éclatent. Ce n’est pas du théâtre. C’est du sexe cru. Du plaisir assumé. Une mise en scène érotique sans fard. Et j’en suis l’actrice, la muse, la cible adorée.
Mais la nuit est loin d’être finie. On me hisse, nue et sale, sur un trône de velours carmin. Mon corps ruisselle de foutre, de sueur et d’extase. Les domestiques du bal m’apportent du vin, que je bois à même leur sexe dressé. Je lèche, je suce, je bois leurs gouttes précieuses comme une gourmande du vice.
Je suis la reine de ce téléphone rose grandeur nature, la voix devenue chair, l’extase incarnée. Ici, je suis celle qu’on écoute dans les fantasmes les plus fous sur les lignes du sexe par téléphone… sauf que ce soir, c’est réel. Mon corps parle à leur place. Et je n’ai besoin d’aucun mot.
Ils m’encerclent à nouveau. D’autres hommes, de nouveaux membres invités au bal. Le cycle recommence. Leur foutre ne sèche pas sur ma peau qu’il est déjà recouvert d’une nouvelle couche chaude et épaisse. Mes seins luisent. Ma bouche déborde. Mon ventre est collant.
Je jouis, encore, sans les toucher, sans qu’aucun ne me pénètre. Il me suffit de sentir leur foutre couler sur moi, de savoir que je suis au centre de leurs désirs, que je suis leur cible vivante. Leur muse lubrique. Leur poupée à souiller.
Le tel rose pas cher où je suis animatrice habituellement, me sert à provoquer, à titiller, à faire grimper les hommes au bord de l’explosion. Mais ici, c'est du réel, du concret, je vis un fantasme évoqué par téléphone, dans ce château français transformé en temple du fantasme, je suis allée au bout de la ligne ou au bout de ces queues. Jusqu’à l’orgasme collectif. Jusqu’à la dévotion spermatique.
Quand je me lève, enfin, mes jambes tremblent. Mon corps est peint de foutre, chaque centimètre encadré par des yeux avides. Certains applaudissent encore. D’autres me proposent un bain. Mais je refuse. Je veux garder sur moi l’empreinte de cette nuit. J’en veux la mémoire collante et crue.
C’est ça, le sexe évoqué au téléphone, quand il sort du combiné, il donne ces plaisirs intenses. C’est le fantasme qui prend chair. Qui se mêle aux perruques, aux masques de bal, aux chandeliers en cristal. C’est la preuve qu’on peut être une reine d’obscénité tout en jouant les duchesses dépravées.
Je suis remontée dans ma chambre, nue sous un manteau d’homme. Encore tremblante. Encore mouillée. J’ai pris mon téléphone. Je l’ai regardé. Et j’ai souri.
Demain, je répondrai à nouveau à ces hommes qui appellent, la main sur la queue, espérant une voix chaude pour les guider.
Mais moi, je saurai.
Je saurai ce que ça fait, quand la voix se transforme en corps. Quand le fantasme déborde de l’écouteur pour se répandre sur la peau.
Téléphone rose en France, oui. Mais ici, ce soir, j’ai été bien plus que ça. J’ai été leur catin, leur idole, leur objet de débauche.
Et je recommencerai.
Encore.
Et encore.
Le bal des dévergondés: Fantasmes au château



